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lundi 24 décembre 2012

Traversée des Canaries au Cap Vert


Du 15 au 21 novembre 2012

Petit avant-goût de transat !

6 jours… Il nous a fallu six jours pour rallier Les Canaries au Cap Vert… Nous avons parcouru très exactement 885 milles nautiques en 145 heures, de Porto Radazul sur l’île de Tenerife  (Canaries) jusqu’à la baie de Palmeira sur l’île de Sal (Cap Vert), soit une vitesse moyenne de 147,5 milles nautiques par jour…


Autant dire qu’on n’a pas traîné, avec un vent de face (Et oui, encore du Sud !) pour sortir des Canaries… on est presque allé frôler Gran Canaria… Puis un vent de Nord, Nord-Est, voire d’Est et enfin de Nord (NNE) établi, variant de 9 à 28 nœuds avec une tendance générale entre 15 et 20 nœuds  et une mer plus ou moins formée !! Tribord amure (vent venant du côté droit par rapport à l’avant du bateau) mais aussi bâbord amure (vent venant du côté gauche par rapport à l’avant du bateau), après empannage, pour nous recaler à peu près sur une route acceptable…. Mindelo (Sao Vicente) … Sal… Sal…

Nous avons fait route vers Mindelo dans un premier temps, espérant rejoindre Karim qui y avait fait escale… puis chemin faisant, le cap et la distance restant à parcourir nous a « poussé » (c’est le cas de le dire) vers Sal, qui est une des trois îles où les formalités d’arrivée peuvent être accomplies…

Il nous a fallu trois journées pour que le rythme s’installe parfaitement…

La première nuit a été plutôt chargée pour Patrick car le vent oscillait énormément… de Sud à Ouest… et variait de 10 à 18 nœuds en un rien de temps (ce qui semble caractéristique de la navigation entre les îles Canaries) avec en plus, une veille attentive des cargos traînaillant entre les deux îles de Tenerife et Gran Canaria… Il me laissera dormir jusqu’à 3h00 et j’assurerai le quart jusqu’au petit matin, m’offrant quand même une petite sieste matinale avant le lever du « Gros » (Titouan… !) qui, ce jour-là, est et restera de super mauvais poil !!! Heureusement, son nez ne coule plus et il toussote encore un peu mais sa rhino-pharyngite (je n’ai pas fait médecine, certes, mais je crois bien que c’était çà !!) semble guérie !

En cette première journée (vendredi), le vent s’établit au Nord-Ouest et la houle commence à grossir dans l’après-midi. Nous parcourons 133 milles nautiques… Notre deuxième nuit est plus tranquille bien que nous croisons quand même quelques ferries et cargos… nous avons décidé d’alterner des quarts de 2 heures et avons la sensation, le lendemain matin, d’être reposés !

Le deuxième jour (samedi) voit le vent passer du Nord au Nord-Est… RAS, Sieste, cuisine, repas… Nous naviguons avec un vent de 10 à 15 nœuds… L’idéal ! Cette troisième nuit, nous poursuivrons nos quarts de 2 heures, croisant de très loin encore quelques cargos !

Le troisième jour (dimanche), nous avons un petit bug avec l’Iridium… Nous décidons effectivement de reprendre un fichier météo, ce qui nous faisons avec MaxSea Chopper puis avec Saildocs que nous souhaitions tester pour la première fois… Nous envoyons coup sur coup nos deux requêtes météo, sans penser une seconde que les deux fichiers météo nous seraient envoyés quasiment en même temps !! Skyfile n’arrive pas à télécharger les fichiers ! Trop lourd ! Après réflexion, je pense à appeler mes parents avec l’Iridium et les guide sur Internet pour qu’ils suppriment via Vizada, les fichiers reçus sur notre messagerie Skyfile… ce qui nous permet de tester l’iridium dans sa fonction de téléphone proprement et ça marche…

Nous décidons d’installer nos petits rituels de la journée : lever de Titouan vers 7h30, préparation de son biberon puis de notre petit déjeuner… puis séance du pot… Ah ! C’est important !

La première partie de la matinée est consacrée aux jeux (legos, petites voitures, livres, etc) pendant que le capitaine se repose une heure ou deux… puis nous faisons une heure de moteur, ce qui nous permet de recharger les batteries mais surtout l’ordinateur pour que Titouan puisse regarder un dessin animé… pendant que je prépare le repas du midi… puis arrive l’heure du déjeuner…

 
Le début de l’après-midi commence inévitablement par une seconde séance de pot (imposée, comme celle du matin) avant la sieste… Vaisselle et sieste également pour moi, ou préparation du blog, lecture ou cuisine! Le capitaine, pendant ce temps, bouquine aussi ou se repose dehors… Il est assez contemplatif en mer !! Quand Titouan se lève de la sieste, je prépare son biberon puis organise une séance de peinture, dessin ou gommettes, toujours avec Maman !!


Il est vite 17h / 17h30… nous remettons la machine en marche pour recharger les batteries (au portant, l’éolienne charge faiblement et la couverture nuageuse que nous nous traînons depuis le départ ne permet pas non plus au panneau solaire de travailler correctement !). Nous faisons 1h ou 1h30 de moteur… Au total, nous aurons fait 16 heures de moteur sur cette traversée, pour la charge des batteries uniquement !

Vers 18h30 / 19h, arrêt de la machine… Titouan a droit de regarder un dessin animé et nous nous offrons notre petit apéro du soir, ce qui nous permet de faire un point et de marquer l’entrée dans la nuit… Puis repas, vaisselle, pot ! Nous entrons là véritablement dans la nuit ! L’un de nous va se blottir avec Titouan dans sa cabine et nous lui lisons un petit livre… que je n’arrive pas, quelquefois, à terminer, m’endormant bien avant lui !

Lors de la quatrième nuit, nous avons parcouru plus de la moitié du chemin et avec une moyenne quotidienne de 140 à 150 milles nautiques, nous pensons arriver le mercredi suivant. Comme nous ne croisons plus aucun bateau, nous décidons de mettre en place un nouveau roulement pour les quarts car j’ai découvert que mon Ipad avait une minuterie… nous passons donc sur des quarts de 3 heures et celui de quart somnole et se réveille toutes les 15 min pour jeter un œil dehors et checker que tout va bien… Nous nous reposons bien mieux tout en continuant à assurer la veille.

Les journées s’enchaînent ensuite assez « légèrement » pour nous tous, le temps passe vite, surtout que l’arrivée approche…

La journée du mercredi marque notre approche de l’île de Sal…

La mer est de plus en plus formée et nous serons obligés d’empanner quelquefois pour rejoindre la baie de Palmeira… Depuis le petit matin, grâce à l’AIS, nous pouvons suivre également « Abokina », un voyager 12,50, voilier que nous connaissons bien puisque son port d’attache était Port Corbières avant d’avoir été vendu il y a deux ans… Que le monde est petit !

En tout et pour tout, nous aurons croisé quelques escadrons de dauphins (ceux que nous voyons habituellement et une seule fois, de gros dauphins d’atlantique)… Nous convenons de nous acheter dès que possible un livre sur les diverses espèces de poissons… Mais aucune baleine ou rorqual, comme nos copains du voilier Bozou, auront eu la chance de voir à 20 m de leur bateau ! A ma grande déception… Il faut dire toutefois que l’état de la mer ne permettait pas de distinguer quoi que ce soit à distance…

Les seuls poissons que nous avons pu finalement observer de près, ce sont tous les poissons volants, petits et gros, qui sont malheureusement venus s’échouer sur notre bateau…
 


 

On a pêché également un seul poisson, une belle daurade coryphène qui nous fera deux bons repas… Petite recette pour les amateurs, que j’ai découverte dans un de mes bouquins de cambuse  « Cuisine autour du monde » de Lise Claris-Fourcade, aux éditions Maritimes & d’Outre-Mer Neptune :

Daurade coryphène façon « escalope » 

couper le poisson en darnes, les faire revenir dans du beurre, les arroser de citron, sel, poivre, tourne – retourne, mettre de côté,

déglacer la poêle avec le jus d’une boite de champignons de Paris, puis lier la sauce avec de la crème et enfin ajouter les champignons,

servir avec du riz ou autre accompagnement de votre choix

UN REGAL !!



Nous mouillerons dans la baie de Palmeira vers 16h30, la baie étant déjà bien remplie de bateaux… une bonne trentaine, si ce n’est plus… malgré un vent fort, notre premier mouillage au sud est de la baie tiendra très bien… Alain de la goélette « Shere Khan » vient nous accueillir (solidarité des bateaux en alu) et nous donne déjà quelques bons tuyaux pour notre prochaine virée à terre !!

Enfin, notre décision est définitivement prise et nous comptons l’annoncer rapidement à la famille et aux amis : nous traverserons vers les Caraïbes…

Nous ne renonçons pas au Grand Sud mais pensons qu’il est plus judicieux de reporter un petit peu ce périple dans la mesure où nous avons à régler nos problèmes de moteur, lequel reste très capricieux après nos soucis de gasoil, ou à améliorer notre descente qui n’est définitivement pas étanche … Nous avons également envie, voire besoin, de ralentir notre allure pour profiter de nos escales, de la mer et de la chaleur : nous ne nous sommes plus baigner depuis les Baléares !! Cette impression de courir tout le temps ne nous quitte pas depuis le départ  et nous aurions encore dû accélérer le rythme pour arriver à la bonne saison en Argentine ! Et surtout … une saison aux Antilles nous permettra d’accueillir notre famille qui nous manque beaucoup ! Les enfants, mes parents, et tous les amis ! Puis peut-être de trouver du travail pour remplir la caisse de bord … Inch’Allah !

Depuis Marseille, départ du 9 août 2012 jusquà l’île de Sal au Cap Vert…
Loch total : 2997 milles nautiques parcourus 
Heures de navigation : 600,5 heures, soit 25 jours en mer environ !

Ile de Sal


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