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mercredi 9 janvier 2013

Santo Antao - Cap Vert

On nous en avait dit le plus grand bien… Toutefois, il n’y a qu’un seul mouillage sous le vent de l’île, peu sûr pour la tenue, et l’on ne peut y débarquer à terre que par très beau temps… La plupart des plaisanciers s’y rendent donc en ferry depuis Mindelo. Certains nous recommandaient même d’y trouver un hébergement, en pension ou chez l’habitant, et d’y rester quelques jours…  Nous n’avons malheureusement pas trouver de lieu pour y passer la nuit à moindre frais ou alors le gîte était déjà réservé jusqu’en début d’année… Nous avons donc fait le choix de nous y rendre à la journée…

 
Journée du dimanche 23 décembre 2012

Nous nous sommes levés à l’aube, c’est-à-dire à 6 heures, quand le soleil commence à peine à pointer son nez sur Sao Vicente… Tout doucement, sans bruit, pour ne pas réveiller Titouan, nous avons pris un rapide petit déjeuner, fait une toilette express et fini de remplir les sacs, dont celui du pique-nique, préparés la veille…

Au bruit de ma voix et après avoir compris que nous allions partir pour la promenade, Titouan s’est levé d’un bond, posant déjà milles questions… Après le biberon, le pot et la phase d’habillage toujours laborieuse, nous avons fermé les sacs puis le bateau et démarré l’annexe direction le Club nautique des pêcheurs de Mindelo, qui fait office de parking pour annexe, moyennant « gratifiçation – tips », et qui jouxte la gare maritime de Porto Grande (ancienne appellation de Mindelo).

Dominique et Marie du voilier Biwi, ainsi que Jean-Paul et Aline du voilier Alexander, sont déjà arrivés au Club nautique et nous attendent pour rejoindre les bureaux d’Armas, une des compagnie maritime ralliant deux fois par jour Sao Vicente à Santo Antao.

Il fait beau aujourd’hui et il semble qu’il y aura peu de vent… nous pouvons donc partir l’esprit tranquille et laisser seul au mouillage Gwen Brug pour la journée… Quand bien même y aurait-il eu du vent que nous serions quand même partis, confiant que nous étions dans la tenue de notre mouillage.

Il y a beaucoup de monde aux guichets d’Armas, malgré l’heure matinale. Dominique a réussi à récupérer les billets aller-retour de toute notre petite troupe, étant précisé que nous autres, non résidants, devons déclarer nos noms et prénoms qui seront mentionnés sur nos billets.
 
 

Nous finissons par rejoindre le ferry et par trouver place à l’extérieur, sur des chaises en plastiques… En route pour de nouvelles aventures !! Titouan fait le tour du bateau avec son père puis finit par venir se blottir dans mes bras sous un paréo car au beau milieu du chenal séparant les deux îles, le vent souffle frais et nous avons oublié de prendre nos polaires ! Parents indignes !


Avec les copains, dans le ferry
 
Le ferry mettra une petite heure pour rejoindre Porto Novo sur l’île de Santo Antao. A peine arrivés, Dominique se met à la recherche d’un Aluguer et rencontre John, un jeune francophone, qui nous proposera de nous accompagner et nous guider dans son mini bus toute la journée sur la base de l’itinéraire que nous avions programmé.
 


John et Patrick
De Porto Novo, nous empruntons la route principale, faite de pavés et très bien entretenue (elle a été achevée en 1960 et sa réalisation a duré 13 années) qui rejoint Lombo de Figueira et qui permet d’avoir un point de vue sur le cratère de Cova de Paùl.

 
La partie sud de l’île de Santo Antao est très aride. Les paysages sont désertiques et volcaniques, comme nous en avons très souvent vus sur les quelques îles cap-verdiennes que nous avons visitées… mais cela jusqu’à Lombo de Figueira… car très rapidement, nous passons dans un autre décor, verdoyant à souhait, rafraichissant ! La petite Savoie du Cap Vert, selon Dominique…

 
 
 
Arbustes de la famille des acacias, avec des petites fleurs jaunes… Nous découvrons aussi des fleurs aux odeurs étonnantes, le ou la lantana très musquée, la cravodane citronnée et utilisée en infusion contre la toux… je découvre enfin l’aloé vera, dont j’attends beaucoup parlé et que je ne connaissais vraiment pas… petite plante grasse en forme de cactus dont le suc est utilisée pour hydrater et adoucir la peau…

Le cratère de Covas de Paùl est immense, vert et cultivé… Nous planifions d’y revenir une prochaine fois pour aller nous y balader avec Titouan, le sentier de randonnée étant plat ou en descente…

Cratère de Covas de Paùl


Sur la route de Corda et Delgadim

Nous continuons sur la route principale en direction de Corda puis Delgadim où nous nous arrêtons pour savourer la vue sur les escarpements surplombant les deux vallées situées en contrebas, murailles parsemées d’agaves… C’est magique ! A chaque arrêt, des enfants affluent et viennent voir Titouan qui, d’emblée, leur parle ou plutôt leur explique tout un tas de truc, dans son langage bien à lui… Tout le monde rigole et lui aussi… Il se laisse porter par les plus grands…

 

Nous finissons par arriver à Ribeira Grande en fin de matinée, les yeux et la tête emplis de magnifiques paysages ! Et ce n’est pas fini…

 

Ribeira Grande est la ville principale de Santo Antao… Nous ne faisons que l’entrevoir dans notre Aluguer qui prend immédiatement le chemin de Ponta do Sol en longeant la côte… Nous retrouvons avec plaisir l’Océan et découvrons une côte déchiquetée où la houle vient déferler.

Ponta do Sol. Nous abandonnons nos quatre amis qui partent randonner… John nous déposera près du petit quai des pêcheurs de ce petit bourg qui semble être principalement une station balnéaire… B&B, Residential, Casa, etc… Bref ! Toute sorte d’hébergement pour touriste, mais tout est quasi fermé compte tenu des fêtes !! La ville est calme par ailleurs… Les cap-verdiens se reposent le dimanche.

 

Nous pique-niquons tous les trois devant le petit chantier de réparation des bateaux de pêche, à l’ombre d’un arbre et sommes bientôt rejoints par une petite fille de 3 ans et demi et sa grand-mère, puis par une seconde petite fille un peu plus âgée… Titouan va très rapidement vers elles et leur propose d’emblée gâteaux et chocolat, les fait boire à la paille de son jus d’orange, leur tend la main, les attire vers nous et continue ses explications… « bato » « maman » « papa » …

 
Nous ne voyons pas l’heure passée et il est bientôt temps d’aller retrouver John qui nous attend pour partir chercher nos quatre randonneurs à Fontainhas.


Sur la route en quittant Ponta do Sol : porcherie...
Comme il est interdit d'élever un cochon chez soi, les habitants achètent leurs cochons et
les font garder dans cette porcherie... Chaque habitant vient nourrir son porc... 
 Nous empruntons une route très étroite, à flanc de montagne… Il ne faut pas avoir le vertige et je me demande quelquefois si cela va passer !!! Nous croisons une petite mamie, en beaux habits du dimanche, avec un sac de haricots sur la tête ! John lui propose de l’emmener au village : elle refuse tout net car la voiture lui fait tourner la tête !

 

L’arrivée sur Fontainhas nous laisse sans voix tellement le paysage et ce village pendu à la montagne, sont magnifiques.


Fontainhas ("Petite fontaine")
Nous retrouvons nos marcheurs dans les petites rues du village et remontons assez rapidement dans l’Aluguer vers 14h30 car il nous reste encore du chemin à faire et nous devons être impérativement au ferry dans deux heures… Nous entreprenons la redescente vers Ponta do Sol, bien cramponnés dans l’Aluguer car les virages à angle droit, l’étroitesse de la route et le précipice nous font monter le palpitant !!!

Nous retournons à Ponta do Sol pour que nos randonneurs puissent découvrir la petite ville, son quai des pêcheurs et la fameuse statue du plongeur perchée sur un rocher : Ponta do Sol est un spot de plongée. Toutefois, le club de plongée qui était tenu par un espagnol est maintenant fermé et personne n’a repris l’activité.

Nous reprenons la route vers Ribeira Grande puis bifurquons vers la Ribeira de Torre jusqu’à Xôxô, encore une fois plongés dans un paysage grandiose… Cabo Verde… Cap Vert, petit écrin verdoyant au milieu de l’Océan… Bananiers, arbres à pains, canne à sucre, ignames, baobabs, papyrus, etc, etc… Tout semble gigantesque. La route longe le lit d’un torrent asséché d’où les cap-verdiens extraient du sable noir, nous croisons des maisons où le linge sèche par terre… Nous passerons près du lieu où le 15 décembre dernier eut lieu le grand concert organisé à la mémoire de Césaria Evora, décédée un an auparavant (le 17 décembre 2011, très exactement ; laquelle avait planifié un peu avant sa mort de venir chanter à Santo Antao, qui était l’île de sa mère et où elle n’avait jamais chanté de toute sa vie ! Ce concert a duré jusqu’à 9 heures du matin, le lendemain).

Nous repartons dare-dare vers Ribeira Grande, embarquons deux voyageurs qui ont loupé le bus pour le ferry et empruntons la route, pavée puis goudronnée depuis 2009 grâce aux aides de la communauté européenne (c’est le Luxembourg qui parraine Santo Antao – chaque île est parrainé par un pays européen) et qui longe la côte vers Porto Novo… Sinagoga (petite ville où vivaient des juifs et dont la synagogue – d’où le nom - a été transformée ultérieurement en léproserie), Vila des Pombas, Pontinhas da Janela… puis les paysages désertiques de la côte sud de l’île…

Nous arriverons très exactement à 16h30 pour reprendre notre ferry vers Sao Antao. Quelle journée !

 

Journée du vendredi 28 décembre

Nous reprenons le ferry à la même heure que dimanche dernier… Notre pique-nique et nos affaires étaient préparés de la veille. Titouan s’est réveillé illico presto et nous sommes partis à toute vitesse pour rattraper les autres… car le rendez-vous était à 7h00, un peu plus tôt que la dernière fois car nous sommes nombreux aujourd’hui… 16 au départ ! Les équipages de Biwi, Soul Nomad, Don Quichotte, Caval’où et Gwen Brug !

Titouan retrouve sur le ponton du Club nautique des pêcheurs, avec grand plaisir, ses copains, Pierre et Julie, 11 et 14 ans, les petits matelots de Soul Nomad, qui le pouponnent toute la journée…

Le vent souffle fort… la mer est levée dans le chenal entre les deux îles… nous n’avons pas oubliés nos polaires, cette fois-ci ! Le ferry nous secoue un peu… Ollé ! Cela ne nous empêche pas de prendre un café et les enfants jouent avec les secousses du bateau, dues aux vagues et au vent.

A notre arrivée à Porto Novo sur Santo Antao, notre groupe se scinde en deux car certains restent passer la nuit sur l’île. Nous sommes une petite dizaine à visiter l’île pour la journée. Dominique et Patrick partent trouver un Aluguer pour la journée… C’est fait fissa pour un tarif très raisonnable.

Nous reprenons la même route que dimanche dernier et l’Aluguer nous dépose, un peu avant 11 heures, à proximité du cratère de Cova de Paùl pour une petite randonnée d’un niveau facile, toute en descente en principe, pour que Titouan puisse nous suivre… Manolo, le chauffeur, nous attendra vers 13 heures dans le petit village de Chà de Manuel dos Santos.
 
Sur la route... des "drôles"
Tout le monde remet polaire et coupe-vent et enfile chaussettes et baskets (sauf nous, bien entendu, partis en Birk comme d’habitude !) car nous démarrons la balade dans les nuages…

Geoffroy, notre Belge... Une fois !
 
Impression de se promener dans les Alpes… on oublierait presque être au Cap-Vert ! Cette île est incroyable ! Nous descendons tranquillement et profitons finalement de la fraîcheur. J’ai le bout du nez tout rouge !!

De gauche à droite :
Julie, Patricia, Marie, Dominique, Geoffroy, Pascal, Valérie
Sonia, Titouan, Pierre et Fabrice
Titouan suit allègrement la troupe, nous croisons des petites biquettes, nous apercevons des vaches au fond du cratère… Les mêmes que chez moi… des Champenoises, tachetées blanc et noir, un peu moins grassouillettes, certes ! Nous sentons les fleurs, essayons d’attraper les nuages… Nous irons même jusqu’à caresser des ânes… C’est le paradis pour notre petit loup et pour nous aussi !!



Mais n’oublions pas les gens qui vivent ici, élèvent vaches et biquettes et cultivent ce large cratère au fond plat mais aussi les escarpements alentours aménagés en « restanques » (nom utilisé dans le sud de la France pour désigner des cultures en étage – je ne sais pas si j’orthographie correctement car ne le trouve pas dans le dictionnaire)… Finalement, ces restanques ne sont rien à côté de celles qui nous attendent un peu plus tard…

Moins d’une heure après le départ et avant de passer dans l’autre vallée plus exposée au vent, nous décidons de pique-niquer et trouvons une bâtisse en pierre, très bien construite, qui fait office de fontaine… Nous nous installons sur son toit plat et admirons le paysage… Avec chips, jambon, bananes, chocolat… Le menu idéal pour Titouan qui boulote comme s’il avait faim !!!

Un père de famille vient se ravitailler en eau, avec ânes et bidons, pendant que nous déjeunons… Nous partageons des gâteaux avec ses enfants qui l’accompagnent. Les ânes n’apprécieront pas les carottes de Soul Nomad !

Nous repartons et attaquons une petite montée pour rejoindre le versant qui nous descendra vers la vallée de Paùl.
 
 
 
Titouan grimpe comme un chef, motivé par Pierre et Julie quand nous arrivons enfin au sommet, dans les nuages… Nous devons être à 1300 – 1400 mètres d’altitude. Nous découvrons alors, au travers de ce brouillard, un paysage hallucinant, nous transportant encore une fois dans un autre monde. Nous sommes à pic et il va nous falloir descendre ce petit sentier pavé, bâti à flanc de montagne et nous offrant une vue splendide sur cette vallée tellement verdoyante !!! Ce paysage fait penser à certains aux Marquises, à d’autres à la Réunion… Faute de connaître ces îles, moi, je me serais bien vue au fin fond de l’Amérique du Sud, en 1500 et des poussières, comme on peut le voir dans les films de missionnaires catholiques partis « civiliser » les indiens d’Amazonie… Il ne manquait que la cascade dégringolant sur des centaines de mètres… J’ai quand même le droit de rêver !!! Encore que la cascade pourrait bien exister à la saison des pluies…

Bref, je ne sais plus comment vous dire que c’est vraiment très beau !


Vallée de Paùl
La descente a été très longue… Lacets après lacets, nous avons refait le monde ! Sur la fin, il a quand même fallu porter Titouan…  Nous avons vraiment regretté de ne pas avoir pris nos chaussures de randonnée… Un peu plus en bas, nous avons marché au milieu des bananiers, cannes à sucre et autres restanques cultivées et apercevons quelques petites cabanes au toit végétal (mélange de bananiers, cannes à sucre et cocotiers, selon Manolo) … Les habitants nous ont proposé d’acheter du café, des petites pommes … Un petit canal de quelques centimètres de larges et de 20 km de long amène l’eau de la montagne vers la vallée et irriguent au passage toutes les plantations à flanc de la montagne.

 



Nous arriverons avec plus d’une heure de retard au lieu de rendez-vous avec Manolo. Je suis épuisée, Titouan aussi ! Mais nous sommes HEUREUX !

Tous remontés dans l’Aluguer, nous filons vers Vilas das Pombas pour aller visiter une rhumerie… Titouan s’endort presque immédiatement ! Manolo est très fier de faire le guide, il est né et est ici chez lui. Il nous montrera le fameux dragonnier (arbre tropical) bicentenaire de la vallée, qui est représenté sur le billet de 1000 escudos… Il nous explique que les gens des villages cultivent dans le lit des torrents jusqu’aux prochaines crues et ainsi de suite ! Que le sable noir sur les plages est également trié et passé pour être vendu pour la construction des habitations, etc, etc…

Après être allé faire un petit tour express à la rhumerie avec le groupe, je reviens et reste avec Titouan endormi, dans le minibus… Je reprends des forces en mangeant et buvant un peu car cette randonnée m’a littéralement épuisée… Patrick nous ramènera du bon rhum (réputé notamment sur cette île du Cap Vert) et un ti’punch caïpirinha maracuja…
 
 
 
Rhumerie de Vilas das Pombas ...
 avec poules, canards, vaches, biquettes ...
Le rhum est bien un produit agricole !
 

Le groupe remonte dans l’Aluger et nous reprenons la route déjà empruntée la dernière fois pour revenir à Porto Novo, par Pontinhas da Janela (Janela signifiant fenêtre en portugais, et Pontinhas da Janela parce que dans deux ou trois falaises en bordure de mer, se trouvent des « yeux », c’est-à-dire des trous creusés par la mer permettant de voir ou de passer de l’autre côté) et en nous arrêtant devant le phare de Boi, à l’est de l’île (Faro Fontes Perreira de Melo), construit par les portugais et qui ne fonctionne plus à l’heure actuelle.

 

Nous arrivons avant 16 heures à Porto Novo et prenons le temps de boire une petite bière avant de reprendre le ferry qui nous ramènera à Mindelo, dans la houle et le vent du chenal séparant les deux îles. Tout le monde a passé une excellente journée !
 
 
A 20h45, nous avons éteint les feux sur Gwen Brug pour une bonne nuit réparatrice !

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