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mardi 16 octobre 2012

De Carthagena à Rabat - Salé (Maroc)


De Carthagena à Rabat – Salé (Maroc – Côte Atlantique)
Du 30 septembre au 5 octobre 2012

5 jours de mer, soit notre plus longue traversée d’une seule traite depuis notre départ de Marseille et que de choses à vous raconter…

 Gwen Brug a quitté le port de Carthagena vers 17h30, en ce beau dimanche marquant la fin du mois de septembre… Déjà !
Nous étions contents tous les trois de reprendre la mer et de continuer notre périple. C’est un peu comme une soif d’aventure, l’envie de remplir le temps de nouveautés, de découvertes et de plein de bonnes choses qu’on ne peut vivre qu’en bateau, l’envie d’avancer tout court ! 
Avec notre bateau…






Le départ de Carthagena a été fêté, deux heures plus tard, par la prise d’une petite dorade coryphène que nous avons savourée le lendemain, crue en salade pour Patrick et mijotée au four pour moi… Titouan refusant toujours et encore de manger du poisson...


Cette première prise a contribué à mettre en place le rituel familial lors de la remontée du poisson à bord : Patrick gère tout de suite la canne à pêche et la remontée du poisson tandis que je m’affaire à ralentir rapidement le bateau, à aller chercher le « guenchou » (gros crochet pour attraper le poisson – on n’arrive pas à trouver le nom en bon français !), puis l’alcool que nous verserons dans les ouïes du poisson pour l’achever, le couteau, la grosse paire de ciseaux et la planche à découper pour que Patrick puisse évider le poisson et préparer sa découpe en vue de nos prochains repas (darnes, filets, etc) … Tout cela peut être plus ou moins compliqué et fait rapidement si le poisson n’est pas trop gros, s’il ne résiste pas, etc… Ah ! J’oublie le moment très important de la photo… pour vous en faire profiter aussi !! Preuve à l’appui !

Titouan a observé tout cela du haut de la descente où nous l’avions contraint de rester pendant toutes nos manœuvres…, tout excité de voir enfin un poisson pêché par son papa : « Oh, le poisson, il est beau… » jusqu’à ce que Patrick dise : « Bon, alors, on va lui couper la queue… »… et là, sans qu’on s’y attende, un pleur est venu de Titouan : « Non, pas la queue… ». Je l’ai donc occupé à faire autre chose dans le bateau pendant que Patrick finissait de découper le poisson ! Puis on lui a dit que le poisson était reparti dans sa maison… Si vous avez des bons conseils « psy » pour expliquer à un jeune enfant qui considère les poissons un peu comme des copains, qu’on les pêche pour les manger … je suis preneuse !!!

Les trois premiers jours de cette traversée ont été marqués par la « Pétole »… Qui dit « pétole », dit … MOTEUR : nous avons donc fait au total 50 heures de moteur pour arriver en approche de Gibraltar… Mais dès qu’une toute petite et légère brisette a montré le bout de son nez, Patrick, à l’affut, a dégainé notre spi asymétrique pendant quelques heures… C’est toujours ça de pris, pour le grand plaisir du capitaine surtout mais aussi de l’équipage qui apprécie un peu de calme !



Par ce petit temps, les dauphins sont souvent venus jouer avec l’étrave de Gwen Brug… quelques fois, venant de tous côtés, à tel point que nous ne savions plus où donner de la tête… Titouan était heureux comme un pape…




Le mardi, Gwen Brug a été, pour ainsi dire, stoppé par un « thon thon »… Patrick s’est acharné une bonne demi-heure sur la canne, croyant à tout moment que le fil allait casser… quand nous avons vu s’approcher un énorme thon Germont, magnifique, qui devait bien peser dans les 50 kg (selon le capitaine… y’a des jaloux qui pensent que c’est pas possible)… Vu sa taille et son œil implorant, nous l’avons relâché, coupant nous même le fil de pêche… Adieu rapala…


Plus nous avancions vers Gibraltar, plus le courant de marée se faisait sentir et il nous est arrivé d’avancer au moteur à moins de 3 nœuds (alors qu’en vitesse de croisière, bas régime, nous sommes à 4,5 nœuds en moyenne)… et plus les cargos sont devenus nombreux… Nous avons fini par nous retrouver (à force de chercher une petite brise) entre le rail montant et la rail descendant des cargos… « bateaux pihates » à l’horizon !






Cargo entrant dans la brume











La 3ème nuit, alors que j’étais de quart de 0h00 à 4h00, j’ai comme eu l’impression que Gwen Brug était un cochonnet au milieu d’un jeu de quilles… J’ai joué du pilote automatique pendant 4 heures pour éviter les cargos et ferries qui montaient, descendaient, venaient par le travers, jusqu’à me faire éclairer au projo pour me signifier de faire route un peu plus loin … En tout cas, merci l’AIS (« Automatic Identification System » - obligatoire sur les navires de commerce et de pêche, en principe !) qui fonctionne en réception, un peu comme un radar mais en 2D sur notre ordinateur de navigation et qui nous permet de voir où se situent les autres bateaux par rapport au nôtre et surtout quel est le cap qu’ils suivent… Je me suis éclatée !!!!! Bon, c’était facile, on était au moteur, par mer belle (exception faite des vagues de sillage !).

En approche de Gibraltar, le vent s’est levé, plein vent arrière et une fois le gros du trafic passé, nous avons tangonné le génois, en ciseaux, du pur bonheur pour le capitaine ! Puis roulé au niveau de Tarifa pour abattre et continuer sous GV et trinquette pour rejoindre le Cap Spartel. A partir de là, nous sommes officiellement passé dans l’Atlantique… et dans les eaux territoriales marocaines, avec ses petites embarcations de pêcheurs (pour lesquelles, bien entendu, l’AIS ne nous servira à rien !).


Gibraltar
son rocher dans la brume et la mer tourbillonnante, distinctive du passage du détroit ...
Tarifa - Espagne


Cap Spartel - Maroc











Fin d’après-midi, soleil couchant, l’odeur du Marocdéjà perceptible, quelques chasses à proximité du bateau et Patrick décide de préparer sa canne à pêche… A peine la repose-t-il dans le porte-canne que…. ZZZZZZZZZLLLLLL … ça part avec, au bout, une jolie petite bonite…


Au cours de cette première nuit marocaine, Patrick a vite décidé, lors de son premier quart, de prendre la direction du large pour éviter les diverses embarcations de pêche et filets, plus ou moins visibles malgré la lune encore haute ...Puis le vent a décliné tout doucement jusqu’au petit matin pour finir par tourner au Sud dans le courant de la matinée… Pêche encore d’un petit thon que nous comptons bien manger avec les copains en arrivant à Rabat - Salé (Olivier et son équipage du bateau Enjoy, parti un peu avant nous de Carthagena en direction de Rabat – Salé également).


Mais nous qui pensions arriver à Rabat avec les prémices alizéens, nous voilà à tirer des bords carré avec 25 nœuds de vent de Sud dans le nez et une jolie petite houle… Je me brûle la main en voulant faire un petit café… rafraichissement sous l’eau froide (de mer – pour ne pas vider nos réservoirs d’eau), désinfection avec du Dakin puis Flamazine en tartine, compresse et sparadrap ! C’est miraculeux, en deux jours, c’était terminé avec une toute petite cicatrice… merci ma Flo pour tes bons conseils !

Fin de journée, en approche de Medhia, Patrick veut mettre en marche le moteur pour que l’on puisse voir si on peut se mettre à l’abri pour la nuit… impossible de le démarrer ! Là, mon capitaine de mari s’est alors mis les mains dans le cambouis, au sens propre… Nous nous sommes aperçus que le filtre décanteur était plein de boue, le deuxième filtre dans un état semblable, pompe à gasoil encrassée… démonte le tout, nettoie, remonte un filtre neuf, chinte le filtre décanteur… la pompe à gasoil ne se réamorce plus… nous n’avons plus de moteur pour entrer dans la passe de Rabat ! C’est une catastrophe ! Alors on continue sous voile et Inch Allah ! On verra bien en arrivant et en appelant la marina si le bateau pilot ne peut pas nous « chaler » ! Et puis, Patrick a une idée de génie pour réamorcer la pompe…




Et ça marche… le moteur redémarre comme neuf !

Nous nous présentons vers 1h30 du matin (heure française) devant la passe et appelons la marina Bouregreg qui nous demande de rester en standby jusqu’à 4h30, heure à partir de laquelle la marée peut être considérée comme haute et le passage de la passe à la marina faisable… Nous décidons donc de faire des allers retours vers le large et nous nous re-présentons vers 4h30… La marina nous demande d’attendre encore 2 HEURES ! Cela devient dur, nous commençons à manquer de sommeil tous les deux (tandis que Titouan dort paisiblement dans sa bannette !)

Après un dernier aller-retour vers le large, nous nous présentons donc à 6h30 (heure française) devant la passe où le bateau pilot nous attend déjà… L’entrée dans la passe jusqu’à la marina est magique (même impression qu’à notre arrivée de nuit à La Valette, à Malte, il y a trois ans !).

Après l’accomplissement des formalités avec la police et le passage de la brigade cynophile (Boris, bon gros labrador noir qui voulait jouer avec les doudous de Titouan), nous sommes allés nous amarrer à notre place, sur la panne « Essaidia » de la marina. Titouan était bien entendu en pleine forme, sautillant et chantant sur la panne pour fêter notre arrivée !

La suite au prochain épisode !

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