Minorque – le 29 août 2012
Cela fait déjà une semaine que nous sommes arrivés à Minorque,
après une traversée de 50 heures tout juste (porte à porte, ou plutôt port à
cala) nous menant dans la baie de Fornells au nord de l’île… Il faudrait donc
que je m’attèle un peu plus sérieusement à l’écriture du blog.
Arrivée sur Fornells
Notre départ de Port Corbière s’est passé d’un façon quelques peu
« étrange » : nous avions prévu de partir le samedi en soirée
après avoir astiqué le bateau, réapprovisionné le bord et passé faire un petit
coucou à Jocelyne à la laverie d’Ensuès… mais le moteur a refusé tout net de
démarrer malgré les travaux de Patrick et Jean-Marc la veille et les amis venus
nous dire au revoir avec café, champagne et petits gâteaux… Nous sommes
finalement partis le lendemain matin « incognito » après quand même
un dernier « au revoir » à l’équipage d’Etel et à Edmond A… le moteur
marchant à merveille après une ou deux bricoles de Patrick au fin fond de la
cabine de Titouan. C’était THE Fusible… La mécanique est devenue pour moi
(humble matelot et scribe à mes heures) une science de sorcier !!
Nous sommes donc partis vers 11 heures par grand beau et légère
brise de 8 à 10 nœuds… Salut Le Frioul, le Phare du Planier… Salut Marseille,
Notre Dame de La Garde… Garde un petit œil sur nous... Nous t’en serons
reconnaissants.
Bref ! La traversée s’est bien passée. Nous avons alterné
voiles et moteur, le vent oscillant entre « rien » et 12 ou 13 nœuds
maxi. Notre navigation a donc été assez confortable, sauf pour le capitaine qui
n’a pas beaucoup dormi… Nous avons organisé nos quarts de sorte que Patrick
fait le 1er jusqu’à 1 heure du matin, moi le 2nd jusqu’à
4 heures puis lui à nouveau pour le 3ème quart afin que je puisse
m’occuper de Titouan à son réveil mais le capitaine ne retourne pas se coucher…
Organisation à revoir… parce qu’un capitaine fatigué, c’est pas bon du
tout !!
Absence de lune, nuits fraîches et humides… Qui nous a parlé d’une capote ??
Absence de lune, nuits fraîches et humides… Qui nous a parlé d’une capote ??
Faut bien s'occuper, on apprend à faire de la photo !
Avis à la population (information d’une très grande importance)
:
nous n’avons rien pêché… rien de rien ! Et pourtant, les
thons étaient au rendez-vous. Que de chasses avons-nous observées, de près ou
de loin aux jumelles ! Rien ! Et un rapala en moins dans la boite,
bouffé tout cru par un « thon thon »…
Titouan a vu ses premiers dauphins… Ils lui avaient donné rendez-vous
tous les jours entre 10 et 11 heures. Pour lui, la traversée s’est également
bien passée. Il a plutôt bien dormi dans sa bannette du carré mais il était
quand même content de retrouver sa cabine à Fornells. Il a vaqué à ses
occupations à peu près normalement, jouant de-ci de-là dans son bateau,
principalement avec ses Playmobil et Lego ou regardant ses dessins animés
favoris (Oui-Oui et Didou)… Il aime bien finalement être à l’intérieur et il
n’en sort que quand on l’appelle voir le « bato des pihates », les nombreux oiseaux qu’on a pu observer,
papa « pesser poissons » ou
encore les dauphins…
Baie de
Fornells
Nous avons passé trois journées dans la baie de Fornells, mouillés
dans un premier temps dans une petite cala à l’entrée de la baie et proche du
port de Fornells, puis dans un second temps près du petit fortin au milieu de
la baie, histoire de changer de paysage. Contrairement à d’autres bateaux, nous
n’avons pas eu de problème au mouillage. Notre ancre a toujours bien tenu
malgré des fonds d’herbes.
Fornells est une petite bourgade touristique et finalement…
sympathique. Le centre ville est petit et l’ambiance y est familiale. Nous nous
sommes arrêtés manger quelques tapas, boire la bière du soir, trouver une
mauvaise connexion internet et faire quelques achats (essence et gasoil, un peu
de frais pour les appro et notamment petits calmars que nous avons
cuisinés à la provençale, le « queso » fromage spécialité minorquine.
La chaleur en journée était vraiment intense. Nous profitions donc de la petite plage le matin tôt ou l’après-midi assez tard. Titouan nous réclame à corps et à cris « a l’o, a l’o » et « bato titou » (traduction : l’annexe)… pour se barrer « naller » (version habla espanòl). Nous avons délaissé le gilet Nabaiji (sauf pour l’annexe) pour les brassards (de la même marque) et… il s’éclate. Il fait de plus en plus de progrès : il bat des pieds, fait la planche, tourne sur lui-même… bref, finalement il nage maintenant tout seul à côté de nous et il y prend beaucoup de plaisir.
En parlant de l’espagnol, on galère, on galère… tous les
deux ! Nous n’avons pas rencontré d’espagnol parlant le français… Par
contre, on arrive à se faire comprendre en anglais… Il va falloir s’y mettre dare-dare !
Nous avons rencontré Mila et Alex du bateau « Lune de
Miel » : équipage espagnol sur bateau français et qui plus est, Brise
de Mer 40, immatriculé MA (Marseille), gréé Voilerie Phocéenne… Que le monde
est petit… Alex et Mila ont acheté leur bateau à Martigues et sont partis de
Fornells, le même jour que nous, pour la Sardaigne… voire plus…
Cala
Calderer
Cette petite cala se trouve sur la côte nord de Minorque, après
Fornells en direction de Ciutadella. Pour l’instant, elle est notre cala
préférée (NB : nous ne sommes pas encore allés à Cala Coves qui se situe
sur la côte sud, compte tenu de l’état de la mer par régime de S / SW et qui
paraît-il, est très belle).
Nous nous y sommes retrouvés seuls le soir, mer d’huile et demi-lune (Titouan connaît maintenant bien la
lune, il lui parle même : « Lune,
viens ici ! ») en compagnie de petites biquettes que nous devinions
dans la nuit par leurs bêlements. Nous y avons dégustés quelques oursins, les
1ers de l’année (Titouan des tartines de beurre à gogo et ni les 1ères ni
les dernières de l’année !!) et le capitaine a pêché le lendemain matin à
la fraîche, deux mérous.
Cette petite cala est restée assez sauvage, malgré la présence de
randonneurs dans la journée, avec sa petite bergerie et un antique hangar à
bateau à droite et son petit cabanon à gauche, sa grande plage et son énorme
tronc en bois flotté en plein milieu…
Cala
Fontanella
Toujours sur la côte nord, en direction de Ciutadella, nous avons
mouillés le lendemain dans la Cala Fontanella, à proximité de ses petits
cabanons de pêcheurs, bâtis dans la roche et faits de bric et de broc, que nous
sommes allés visiter de plus près…
J’y ai fait mes premiers yaourts (Merci Alex, tes petits pots sont
parfaits, pour ma cocotte, pour mon frigo, pour Titou…).
Cala
Algayerens
Le même jour, nous avons décidés d’aller mouiller pour la nuit
dans la Cala Algayerens, juste en face de la précédente… et bien nous en a
pris… Un bateau français, mouillé à coté du nôtre, nous avertit d’un fort coup
de vent de N / NW Force 8 avant de prendre la poudre d’escampette. Nous avons
décidés de rester et de manger tranquillement nos poissons pêchés du matin et
sommes allés remouiller à proximité afin d’être mieux protégés de la mer…
La houle a commencé à se lever avant minuit puis a grandi, grandi…
et le bateau est devenu un tambour de machine à laver… Heureusement que nous
avions quittés notre mouillage de Cala Fontanella, beaucoup plus exposé. On a
passé la nuit avec Patrick à caler tout ce qui pouvait faire du bruit. Ca
bougeait dans tous les sens. A partir de trois heures du matin, nous entendions
les vagues déferler sur la plage de la cala… Impossible de dormir, excepté pour
Titouan qui a ouvert un œil bien plus tard et qui a fini par se rendormir
illico presto…
A cinq heures, nous avons décidés de partir, tout comme un bateau
anglais qui était également resté mouillé là… Direction Ciutadella par vent de
N / NW 25 nœuds maxi, sous trinquette seule mais avec une mer d’enfer !! Le
capitaine était en grande forme, le matelot un peu malade. Nous sommes arrivés
vers 7h30, épuisés à …
Ciutadella –
Cala Degollador
Journée de repos et de mise en ordre du bateau après nos émotions
de la nuit. Nous sommes allés nous balader dans la ville de Ciutadella en fin
d’après-midi. Très jolie ville, très aseptisée, qui me fait penser à
Aix-en-Provence, par ses boutiques, par son ambiance bourgeoise, ses rues
pavées, son architecture à la fois ancienne et hyper clean…
Notre mouillage est loin d’être sauvage : nous sommes
entourés de maisons genre Miami Beach, immeubles neufs, ferries, etc… nous en
partirons le lendemain, sans traîner…
Cala Tale –
Cala Santa Galdana
Cala Tale est une très joli crique. Eau turquoise, plage de sable
blanc. Malheureusement, la mer était encore agitée et il y avait quelques
méduses. Nous sommes quand même allés sur la petite plage mais notre activité
principale a consisté à faire des châteaux de sable plutôt que de « naller », au grand désespoir de
Titouan qui avait du mal à comprendre pourquoi on ne pouvait pas aller dans
« l’o ».
Compte tenu de l’état de la mer, nous sommes allés rejoindre Cala
Santa Galdana plus loin sur la côte sud en direction de Mahòn. Nous avons dormi
d’une façon assez …. (comment dire ??) … médiocre, vu le ressac. Marre,
marre, marre de cette mer hachée, agitée… vivement l’Atlantique !! Le
capitaine n’arrête pas de grogner.
Illa del
Aire
Nous voulions partir tôt dans la matinée… mais le gros alternateur
du moteur nous enquiquine… Patrick bascule sur l’autre alternateur et du coup,
se prend encore une grosse suée… Vivement les glaçons, les manchots, les
williwaws, le pisco… Le matelot a bien failli aussi « péter » le
guindeau… Le matériel nous résiste… Bref, nous arrivons quand à partir
direction Mahòn, espérant y trouver un refuge un peu plus calme que la nuit
précédente.
Après quelques heures à tirer des bords puis à subir la mer au
moteur (les cervicales du capitaine ont morflé, son moral au plus bas… mais le
matelot résiste et le mousse rayonne !), nous atterrissons Illa des Aire à
la pointe Nord Est de l’île et … Miracle ! Mer plate !
Nous sommes allés nous dégourdir les jambes sur l’île en fin de
journée, baladant jusqu’à son petit phare en compagnie de petits lézards noirs
(espèces endémiques de l’île, paraît-il) et de « cousins » (l’animal
aux longues oreilles dont je ne peux vous parler, je vous écris du bateau !!).
Après une bonne nuit de sommeil, nous partirons en début de
matinée pour Mahòn d’où je vous écris aujourd’hui …
La suite au prochain épisode…
Merci pour ces premières histoires... On vous embrasse. Fabien et Isa
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